Au Nigeria, l’inaction de l’Etat face aux attaques répétées L’Etat de Taraba, dans le nord-est du pays, et le Nigeria dans son ensemble ont subi plusieurs attaques ces dernières semaines. Les villages de Munga et Magani, dans le district de Karim Lamido ont été touchés, selon le gouverneur de l’Etat de Taraba, Agbu Kefas. Plusieurs témoins rapportent que le nombre de morts s’élèverait à 30, même si le Haut-responsable n’a pas donné de chiffres officiels. De plus, des témoins oculaires et survivants de ces attaques ont rapporté au Daily post que la réponse du gouvernement a été lente, et même insuffisante. Ces épisodes de violences viennent jeter un froid sur la campagne de relance économique lancée par l’Etat de Taraba qui a pour but d’attirer de nouveaux investisseurs en se positionnant comme une terre d’accueil.
[3] La crise humanitaire peut-elle s’empirer ? À Maiduguri, au nord-est du Nigeria, la situation est déjà bien compliquée, si ce n’est sans rajouter la baisse de l’aide humanitaire. Bien évidemment, cela fait suite aux coupes budgétaires de Donald Trump dans les aides au développement d’une des plus grosses agences d’aide humanitaire au monde, l’USAID (United States Agency for International Development). Selon un article de TOGO+, l’aide américaine d’USAID représentait 368 millions de dollars en 2023. Cela représente un gros manque à gagner pour le Nigeria, qui traversait déjà une crise, d’où l’aide américaine. [4
] La population de la région du nord-est du Nigeria souffre notamment de malnutritions infantiles.
L’arrêt de l’aide américaine laisse des familles entières livrées à elles-mêmes. USAID finançait notamment des programmes nutritionnels, de soins de santé et de distribution alimentaire qui permettaient à des millions de personnes déplacées par le conflit avec Boko Haram de survivre. USAID finançait, par exemple, totalement le programme de renutrition thérapeutique et ambulatoire de l’ONG Mercy Corps. Cela permettait d’aider des enfants, nourrissons en malnutrition, ce qui permettait à des familles entières de ne pas être décimées par la faim. Ce programme de Mercy Corps a été arrêté en février 2025, quand USAID a arrêté de financer le programme, comme beaucoup d’autres. Il reste encore une agence italienne, Intersos, qui essaie de faire tampon avec l'afflux constant de nouveaux cas en soignant les plus graves.
Mais l’équipe s’en occupant a été réduite à 11 personnes. Selon Trond Jensen, le chef de l’agence humanitaire de l’ONU au Nigeria dépeint une situation critique : 50 % des efforts nutritionnels ont disparu et 70 % des services de santé sont menacés. Il ajoute que le nombre d’enfants dans le besoin a doublé, alors même que la capacité à intervenir a été divisée par deux.
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] La crise économique, déjà bien présente, s’aggrave-t-elle aussi La ville de Maiduguri sert de centre opérationnel pour tous les programmes humanitaires. Le départ des ONG et de leurs employés bouleverse aussi les économies locales, s’étant grandement articulé autour de ces personnes. Les travailleurs du secteur de l’humanitaire ont permis à la ville d’évoluer ces huit, neuf dernières années, créant de l’animation, important des marchandises… De nombreux services se sont construits autour des plus de 280 agences humanitaires, comme les chauffeurs de taxi, les services de sécurité… Maiduguri se démarque des autres villes du Nigéria grâce à sa forte croissance, alors que la plupart des autres stagnent, ce qui entraîne beaucoup de chômage difficile à combattre.
Pour donner des chiffres de l’activité économique générée par le secteur de l’humanitaire, ce ne sont pas moins de 3.4 milliards de dollars qui ont été prévus en fonds humanitaires entre 2021 et 2024, même si les donations n’ont pas atteint ce seuil. Cette ville, comme la région d’ailleurs, est menacée par le groupe terroriste Boko Haram. Cette pression accrue du groupe terroriste, a amené plus de deux millions de personnes à l’exode et a plongé plusieurs autres millions dans la misère. Comme rappelé précédemment, USAID finançait beaucoup de programmes locaux, en addition de l’OMS ou encore du Programme alimentaire mondial.
Son brusque arrêt a donc balayé les vies des personnes dans le besoin, des cas les plus graves. Cela est sans compter sur les vies des employés qui se sont vu licencier à la suite de l’arrêt de l’activité d’USAID. Les employés étaient souvent bien payés, plusieurs fois le salaire minimum, ce qui ne représentait pas grand-chose pour les ONG occidentales, mais qui avait changé la vie de nombreux d’employés locaux. De plus, ce bouleversement de niveau de vie avait amené une élévation du niveau de vie de la population de la ville, ce qui avait permis à de nombreux commerces d’ouvrir leurs portes.
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] Pendant que vous dormiez. Guerre en Ukraine, attaques au Nigeria, PSG : les informations de la nuit, Courrier international, le 25 mai 2025 à 5h.
[4] USAID : les pays africains les plus touchés par la suspension de l’aide américaine, TOGO+, le 15 février 2025.
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] Nord-Est du Nigeria : la crise humanitaire s’aggrave après le gel de l’USAID, Rédaction d'Africanews, le 16 février 2025
[6] A Maiduguri, au Nigeria, toute l’économie locale pâtit du gel de l’aide humanitaire, Zubaida Baba-Ibrahim, Courrier international, le 25 mai 2025