Point veille semaine du 14 avril 2025

ILERI - Campus de Lyon Leclair
17.04.2025

Le mercredi 2 avril 2025, le Président des Etats-Unis Donald J. Trump a déclaré imposer des tarifs douaniers de 10% sur les importations de tous les pays. Des tarifs spéciaux pour les partenaires commerciaux comme la Chine, le Japon et l’Europe s’appliqueront. Ils seront 3 fois plus élevés. Ceux-ci peuvent s’expliquer par le fait que les partenaires en questions sont les plus importants des Etats-Unis en termes d’importations. L’Europe représente 18.5% des importations, la Chine 13.4% et le Japon 4.5%[1]. La Chine a répondu en imposant des tarifs à l’importation des produits américains à hauteur de ceux mis en place par Donald Trump. Elle a mis en place des tarifs de 34% sur toutes les importations américaines. De plus, la Chine empêche un groupe de 11 entreprises américaines de faire du commerce sur son territoire et avec des entreprises chinoises en les inscrivant sur la liste des “entités peu fiables”. Le ministre chinois du Commerce a aussi imposé un système d’adhésion à une licence dans le but de réduire l’accès des entreprises américaines à 7 éléments de terre rare qui sont exclusivement minés et manufacturés en Chine et utilisés dans un vaste nombre d’objets, allant des voitures électriques aux bombes intelligentes. Le ministre a aussi annoncé qu’une enquête était ouverte sur deux entreprises américaines exportant des équipements d’imagerie médicale, l’une des dernières catégories où les Etats-Unis sont encore compétitifs à l’international[2]. La Chine a mis en place d’autres mesures en réponse aux tarifs douaniers. L’administration Trump a rétorqué avec d’autres tarifs douaniers, montant le total des tarifs douaniers de la Chine à 104%[3] (cf. tableau ci-après). Ces tarifs sont actifs à partir du mercredi 9 avril 2025. La Chine a déclaré répliquer avec des tarifs douaniers à hauteur de 84%, qui prendront effet plus tard ce mercredi 9 avril. Le problème qui pourrait se poser est que la Chine veut rediriger son flux d’exportation vers l’Europe pour s’en servir de hub  (plaque tournante) pour ensuite exporter vers les Etats-Unis, ce qui réduirait significativement ses tarifs douaniers à l’export. Cela engendrerait, selon Patrick Martin (patron du Medef) dans The New York Times, une déflation en Europe. Il ajoute que la croissance pourrait stagner ce qui engendrerait une récession[4].  L’Union européenne a annoncé, quant à elle, qu’elle allait voter aujourd’hui (mercredi 9 avril 2025) des tarifs douaniers en réponse à ceux imposés par l’administration Trump au 4 avril[5]. Dans un communiqué de presse, la Commission européenne a annoncé que les Etats membres ont voté en faveur de l’application de mesures dans le but de contrer les tarifs douaniers mis en place par Donald Trump. Ces mesures devaient entrer en vigueur le 15 avril[6]. Dans la foulée, le 10 avril, Donald Trump a annoncé mettre en pause ses tarifs douaniers supplémentaires, gardant un minimum de 10% pour tous les pays, sauf pour la Chine. Cette dernière s’est même vu imposer une hausse des tarifs douaniers déjà entrés en vigueur la veille. Au 9 avril, les biens importés depuis la Chine vers les USA se voient appliquer des tarifs douaniers à hauteur de 145%. A la même date, la Chine a, quant à elle, imposé des tarifs douaniers sur tous les biens en provenance des USA à hauteur de 125% (cf. tableau numéro 2 ci-dessous). L’Union européenne a déclaré, à la suite de l’annonce de Donald Trump du 10 avril, qu’elle décalait l'entrée en vigueur de ses mesures de réponse aux tarifs douaniers étasuniens à une date ultérieure, sans pour autant la préciser[7].


 

[1] Highlights: Trump Imposes Vast Global Tariffs, Ana Swanson, Alan Rappeport et Tony Romm, mercredi 2 avril 2025, The New York Times.

[2] Trump’s Trade War Escalates as China Retaliates With 34% tariffs, Keith Bradsher et David Pierson, vendredi 4 avril 2025, The New York Times.

[3] U.S. tariffs on its largest trading partners, Liz Alderman, The New York Times - Highlights

[4] Liz Anderman, The New York Times - Highlights, le 9 avril 2025, 10h30 (heure de Paris, GMT+1)

[5] The E.U. is set to vote today on retaliatory tariffs., Jeanna Smialek, The New York - Highlights, mercredi 9 avril 2025.

[6] Commission proposal to impose trade countermeasures against the US obtains necessary support from EU Member States, Statement from the European Commission, le 9 avril 2025.

[7] Europe Pauses Retaliation, but Also Braces for What’s Next, Jeanna Smialek, The New York Times, jeudi 10 avril 2025

Le 3 décembre 2024, le Président de la Corée du Sud Yoon Suk Yeol déclarait la loi martiale dans tout le pays. Une motion de censure a été déposée par la suite à l’Assemblée nationale du pays. Un premier vote a été tenu le 7 décembre, 195 députés sur 300 ont mis le Président en accusation, dont 3 du parti présidentiel. Il manquait 5 votes pour que le Président soit officiellement mis en accusation. Une semaine plus tard, une seconde mise en accusation est déposée à l’Assemblée nationale, qui est cette fois-ci approuvée avec 204 votes sur les 200 nécessaires. 17 membres du parti présidentiel ont voté pour l’approbation de cette mise en accusation. Cela signifie que monsieur le Président Yoon Suk Yeol est suspendu de ses fonctions présidentielles. Le Premier ministre Han Duck-soo prend le relais en tant que Président remplaçant. Il a, lui aussi, été suspendu, puis a repris ses fonctions. Le Premier ministre adjoint, Choi Sang-mok, a servi les fonctions de Président pendant la suspension du Premier ministre Han Duck-soo. La Cour constitutionnelle de Corée du Sud a passé plusieurs mois à analyser la demande de destitution du Président suspendu Yoon Suk Yeol. Le vendredi 4 avril à 11 heure, heure locale, les 8 juges de la Cour constitutionnelle ont voté à l’unanimité la confirmation de la mise en accusation du Président suspendu Yoon Suk Yeol et donc sa destitution. De ces 8 juges, 4 ont été nommés par le Président destitué[1]. Le Président par intérim est donc de nouveau le Premier ministre Han Duck-soo qui avait repris ses fonctions après avoir été suspendu. La Commission nationale des élections devrait annoncer la date des prochaines élections anticipées qui devraient avoir lieu d’ici début juin 2025 au plus tard. Les partis politiques sont aussi en effervescence pour choisir leur candidat à présenter aux élections primaires. Le candidat en tête de liste du parti de l’opposition, le Parti Démocrate est Lee Jae-myung, le rival de l’ex-Président Yoon Suk Yeol depuis la dernière élection présidentielle de 2022 que Lee Jae-myung avait perdue contre l’ex-Président à un pourcent. Il est moins sûr qui sera le prochain candidat représentant le parti au pouvoir, le Parti du Pouvoir au Peuple. L’ancien chef du parti avait démissionné de ses fonctions car il avait des désaccords sévères avec l’ex-Président et le parti lui-même sur le problème de la loi martiale. Les maires de Séoul et Daegu, respectivement messieurs Oh Se-hoon et Hong Joon-pyo seraient les deux potentiels candidats[2]. Le 8 avril, le Président par intérim, monsieur Han Duck-soo, a annoncé que l'élection présidentielle anticipée sera le 3 juin prochain, qui sera rendu férié pour faciliter la participation à l’élection. La Corée du Sud est donc restée 4 mois sans président élu à sa tête. Selon Le Monde, ceci a grandement perturbé le fonctionnement démocratique du pays. L’ex-Président avait tenté un coup de force en utilisant la déclaration de la loi martiale pour envoyer l’armée bloquer le Parlement, à majorité dirigé par l’opposition. Il est pour cela toujours poursuivi au pénal pour crime d’insurrection, ce qui est passible de la peine de mort[3].

 


 

[1] How South Korea’s President Was Ousted and What’s Next, Pablo Robles, The New York Times, le 4 décembre 2024, modifié par Agnes Chang le 4 avril 2025

[2] What to Know About the Removal of South Korea’s President, Jin Yu Yong, The New York Times, le 4 avril 2025

[3] Corée du Sud : élection présidentielle anticipée prévue en juin après la destitution de Yoon Suk Yeol, Le Monde avec AFP, le 8 avril 2025

Le mercredi 9 avril 2025, les chrétiens-démocrates de la CDU-CSU et les sociaux-démocrates du SPD ont conclu un accord sous forme de texte sur l’attribution des postes de ministres à leurs partis respectifs. Le texte est long de 146 pages et a été négocié par 192 émissaires. Selon Le Monde, la formation de la grande coalition allemande apparaît comme un choix politique dicté par le souci de stabilité. L’article insiste sur le caractère inédit et symbolique de cette alliance entre deux grands partis historiquement opposés — la CDU (démocrate-chrétienne) et le SPD (social-démocrate). Dans un contexte de fragmentation politique et de montée des partis extrêmes, cette coalition centriste apparaît comme un rempart face aux incertitudes et une tentative de restaurer la confiance dans les institutions. L’article met en lumière l’importance stratégique de cette union, non seulement pour l’Allemagne, mais aussi pour l’ensemble de l’Union européenne, dans la mesure où elle permet de maintenir une ligne politique cohérente et pro-européenne. En plaçant cette coalition dans une perspective plus large, celle de la continuité et de la responsabilité politique, Le Monde adopte un point de vue tourné vers l’international et vers les implications à l’échelle continentale de cette décision politique. L’accord comporte une combinaison des points Friedrich Merz a déclaré qu’il fallait faire vite pour conclure l’accord, pressé par la guerre douanière menée par Donald Trump. Les buts premiers de cette accord sont de réduire la bureaucratie, de réduire l’immigration illégale et de baisser les impôts. La régulation de l’immigration irrégulière inclut aussi le refoulement de des demandeurs d’asile à la frontière. Friedrich Merz ne devrait pas être élu avant le début du mois de mai, la date du 7 mai a été mise en avant mais n’est pas confirmée, malgré la conclusion du contrat de coalition. La CDU et le SPD doivent encore se prononcer formellement lors de congrès de leurs partis et militants respectifs courant avril[1].

 

À l’inverse, l’article de Die Zeit propose une analyse beaucoup plus ancrée dans la réalité politique allemande. Le texte se concentre avant tout sur la composition du futur gouvernement, les équilibres internes entre la CDU/CSU et le SPD, ainsi que sur les personnalités susceptibles d’occuper les différents ministères. L’accent est mis sur les négociations laborieuses, les concessions réciproques et les rivalités parfois vives au sein même des partis. Die Zeit adopte un ton plus analytique et technico-politique, montrant comment cette coalition est le fruit d’un compromis pragmatique, presque de circonstance, où les rapports de force sont soigneusement calibrés. Le SPD, en particulier, semble chercher à imposer une vision plus sociale à travers certains ministères clés, tandis que la CDU s’efforce de conserver une orientation économique libérale et une ligne de continuité. Contrairement à l’article du Monde, la dimension européenne y est reléguée au second plan : ce sont avant tout les dynamiques internes, les ambitions personnelles et les ajustements tactiques qui dominent l’analyse[2].

 

Ainsi, ces deux articles offrent des lectures complémentaires de la même situation. Tandis que Le Monde met en avant une vision stabilisatrice et européenne de la coalition, Die Zeit en révèle les dessous politiques, les compromis nécessaires et les enjeux de pouvoir qui la façonnent. Ensemble, ils donnent une image plus complète d’un gouvernement à la fois stratégique sur la scène internationale et profondément négocié dans ses rouages internes.


 

[1] CDU et SPD forment une coalition au centre pour diriger l’Allemagne, Elsa Conesa, Le Monde, le 11 avril 2025.

[2] So könnte das neue Kabinett aussehen, Lisa Caspari, Michael Schlieben, Tilman Steffen et Christian Parth, Die ZEIT, le 9 avril 2025.