Point veille semaine du 21 avril 2025

ILERI - Campus de Lyon Leclair
24.04.2025

Le 15 avril 2025, une conférence internationale s’est tenue à Londres pour marquer le deuxième anniversaire du conflit au Soudan. Malgré des engagements financiers significatifs, les divergences entre les puissances régionales ont empêché toute avancée diplomatique majeure.

Une crise humanitaire d'une ampleur inédite

Depuis le 15 avril 2023, le Soudan est ravagé par une guerre opposant le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l’armée, à Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », leader des Forces de soutien rapide (FSR). Ce conflit a causé la mort de dizaines de milliers de personnes et déplacé plus de 13 millions d’habitants, plongeant le pays dans une crise humanitaire sans précédent. « L'ONU estime que près de 25 millions de personnes, soit la moitié de la population soudanaise, ont besoin d'une aide humanitaire urgente ».[1]

Des engagements financiers sans consensus politique

La conférence de Londres, coorganisée par le Royaume-Uni, l'Union européenne, la France, l'Allemagne et l'Union africaine, a réuni des représentants de 14 pays, dont les États-Unis et l'Arabie saoudite. Elle visait à mobiliser la communauté internationale pour répondre à la crise humanitaire et promouvoir une solution politique au conflit.

Selon le monde du 15 avril 2025, le Royaume-Uni a annoncé une aide supplémentaire de 120 millions de livres sterling, tandis que l'Allemagne et la France ont respectivement promis 125 et 50 millions d'euros pour soutenir les efforts humanitaires.

Cependant, les divergences entre les puissances régionales ont entravé toute avancée diplomatique. « L'Égypte et l'Arabie saoudite ont insisté sur la nécessité d'un cessez-le-feu avant toute discussion sur la gouvernance future du Soudan, tandis que les Émirats arabes unis ont plaidé pour une transition immédiate vers un gouvernement civil »[2].  « Ces désaccords ont empêché la formation d'un groupe de contact pour faciliter les pourparlers de paix »[3].

Une diplomatie en échec face à l'urgence

L'absence de représentants soudanais à la conférence a suscité des critiques. Le gouvernement soudanais a dénoncé son exclusion, estimant que cela mettait sur un pied d'égalité l'État souverain et une milice qu'il qualifie de terroriste.

Par ailleurs, des accusations ont été portées contre les Émirats arabes unis, soupçonnés de soutenir les FSR en leur fournissant des armes via des vols discrets vers le Tchad. « Bien que les Émirats aient nié ces allégations, un rapport confidentiel de l'ONU a soulevé des préoccupations quant à leur rôle dans le conflit »[4].

Une mobilisation insuffisante face à la détresse

Malgré les promesses d'aide, les besoins humanitaires au Soudan restent largement insatisfaits. « L'ONU a averti que le manque de financement et les obstacles à l'accès humanitaire pourraient aggraver la famine et les épidémies »[5].

Les efforts de la société civile soudanaise, qui tente de pallier les défaillances de l'aide internationale, témoignent d'une résilience remarquable. Cependant, sans un engagement politique fort et une coordination internationale efficace, la situation risque de continuer à se détériorer.

La conférence de Londres a mis en lumière la gravité de la crise humanitaire au Soudan et la nécessité d'une action urgente. Toutefois, les divisions entre les acteurs internationaux et l'absence de progrès diplomatiques soulignent les défis persistants pour parvenir à une paix durable. Il est impératif que la communauté internationale renforce sa mobilisation pour répondre aux besoins humanitaires et soutenir une solution politique inclusive.


 

[1] Associated Press. (2025, April 15). World pledges aid for Sudan as war enters 3rd year, but no breakthrough to end fighting. AP News. https://apnews.com/article/sudan-war-humanitarian-aid-international-conference-3f88dcd4422c9dea3d0da1b3bbfdbf40

[2] Eltahir, N., & El Dahan, M. (2025, April 16). No final agreement at London Sudan conference with Arab powers at odds. Reuters. https://www.reuters.com/world/no-final-agreement-london-sudan-conference-with-arab-powers-at-odds-2025-04-16/

[3] Wintour, P. (2025, April 15). UK conference on Sudan fails to set up contact group for ceasefire talks. The Guardian. https://www.theguardian.com/world/2025/apr/15/uk-conference-on-sudan-fails-to-set-up-contact-group-for-ceasefire-talks

[4] Ahmed, K. (2025, April 14). Leaked UN experts report raises fresh concerns over UAE’s role in Sudan war. The Guardian. https://www.theguardian.com/global-development/2025/apr/14/leaked-un-experts-report-raises-fresh-concerns-over-uaes-role-in-sudan-war

[5] Griffiths, M. (2025, April 15). Do we have the humanity to meet the Sudan crisis? Financial Times. https://www.ft.com/content/b5a9e901-fabc-48d8-b1e2-f1579f1ce030

Le 15 avril 2025, la France a expulsé 12 diplomates algériens et a rappelé son ambassadeur à Alger, en réponse à une mesure équivalente prise par l'Algérie. Cette escalade marque un nouveau point de tension dans des relations bilatérales déjà fragilisées.

Un enchaînement de représailles diplomatiques

La crise actuelle trouve son origine dans l'arrestation, le 8 avril, d'un agent consulaire algérien en France, soupçonné d'implication dans l'enlèvement en 2024 de l'opposant algérien Amir Boukhors, alias « Amir DZ ». Ce dernier, réfugié politique en France depuis 2023, avait été brièvement enlevé en région parisienne. Trois Algériens, dont un diplomate, ont été mis en examen pour « enlèvement en lien avec une entreprise terroriste »

En réaction, Alger a expulsé 12 fonctionnaires français, dénonçant une arrestation « ostentatoire » et une « violation des conventions diplomatiques »[1]. Paris a répliqué en expulsant à son tour 12 diplomates algériens et en rappelant son ambassadeur, Stéphane Romatet, pour consultations. L'Élysée a accusé Alger d'être responsable de la « dégradation brutale » des relations bilatérales.

Des tensions sur fond de différends anciens

Cette crise s'inscrit dans un contexte de relations historiquement complexes entre les deux pays. En juillet 2024, le soutien affiché du président Emmanuel Macron au plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental avait déjà provoqué le rappel de l'ambassadeur algérien à Paris. De plus, la condamnation en mars 2025 de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal à cinq ans de prison en Algérie a ravivé les tensions.

Malgré une tentative de rapprochement début avril, avec la visite du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot à Alger, les relations se sont de nouveau détériorées. Barrot a qualifié les expulsions de « réponse injustifiée » et a appelé à un dialogue équilibré[2].

Une escalade aux conséquences incertaines

Cette série de représailles diplomatiques pourrait avoir des répercussions sur la coopération bilatérale, notamment en matière de sécurité et de gestion migratoire. L'Algérie a averti que toute nouvelle action jugée hostile recevrait une réponse « ferme et adéquate ».

Alors que les deux nations avaient récemment exprimé le souhait de normaliser leurs relations, cette crise souligne la fragilité des liens franco-algériens. La situation actuelle met en lumière la nécessité d'un dialogue constructif pour éviter une détérioration durable des relations entre les deux pays.

La spirale des expulsions diplomatiques entre la France et l'Algérie marque un tournant préoccupant dans leurs relations. Au-delà des gestes symboliques, cette crise révèle des désaccords profonds et persistants. Seul un engagement sincère au dialogue pourra permettre de surmonter ces tensions et de rétablir une coopération mutuellement bénéfique.


 

[1] Bobin, F. (2025, 15 avril). Paris annonce l’expulsion de douze agents diplomatiques algériens et rappelle son ambassadeur pour consultations. Le Monde. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/15/paris-annonce-l-expulsion-de-douze-agents-diplomatiques-algeriens-et-rappelle-son-ambassadeur-pour-consultations_6596333_3212.html

[2] Corbet, S. (2025, April 15). France expels 12 Algerian officials in tit-for-tat move amid diplomatic tensions. AP News. https://apnews.com/article/france-algeria-tensions-officials-expelled-09a8626acbf925733e088bc1b2f365a5

Les discussions entre l’Iran et les États-Unis sur le programme nucléaire iranien ont repris à Rome, marquant un tournant potentiel dans les relations bilatérales. Cependant, les tensions persistent, mettant en péril les avancées diplomatiques.

 

Une reprise des négociations sous médiation omanaise

Le samedi 19 avril 2025, l’Iran et les États-Unis ont conclu un second cycle de négociations indirectes à Rome, sous la médiation d’Oman[1]. Les pourparlers, dirigés par le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi et l’envoyé spécial américain Steve Witkoff, ont duré quatre heures. « Les deux parties ont convenu de poursuivre les discussions à un niveau technique à Oman le 26 avril, avec des réunions préparatoires prévues le mercredi précédent »[2].

Des avancées limitées et des divergences persistantes

Bien que les discussions aient été qualifiées de constructives, plusieurs points de désaccord subsistent. L’Iran insiste sur son droit à l’enrichissement d’uranium à des fins civiles, tandis que les États-Unis exigent des restrictions plus strictes, voire l’élimination complète du programme d’enrichissement. De plus, l’Iran refuse de discuter de son programme balistique et de son influence régionale, considérés comme des « lignes rouges » par Téhéran.

Des tensions exacerbées par de nouvelles sanctions

À la veille des pourparlers d’Oman, les États-Unis ont imposé de nouvelles sanctions contre le secteur énergétique iranien, ciblant notamment un magnat du gaz de pétrole liquéfié. Téhéran a dénoncé ces mesures comme un signe du « manque de bonne volonté »[3] de Washington, mettant en doute la sincérité des intentions américaines dans les négociations en cours.

Une médiation internationale en jeu

La Russie, partenaire stratégique de l’Iran, s’est entretenue avec le sultan d’Oman pour discuter des négociations en cours. Moscou pourrait jouer un rôle clé en tant que garant d’un éventuel accord, notamment en supervisant le transfert ou la destruction de l’uranium enrichi iranien, une proposition soutenue par les États-Unis.

Un équilibre précaire entre diplomatie et confrontation

Les négociations entre l’Iran et les États-Unis représentent une opportunité de désescalade des tensions et de retour à un accord nucléaire. Cependant, les divergences persistantes, les nouvelles sanctions américaines et les enjeux géopolitiques régionaux compliquent la voie vers un consensus. « La prochaine série de discussions à Oman sera cruciale pour déterminer si une solution diplomatique est envisageable ou si le spectre d’une confrontation demeure »[4].


 

[1] Euronews. (2025, 20 avril). Iran and US conclude nuclear talks in Rome and agree on another round next week. https://www.euronews.com/2025/04/20/iran-and-us-start-second-round-of-nuclear-talks-in-rome

[2] Hafezi, P. (2025, 19 avril). Iran, US task experts with framework for a nuclear deal after 'progress' in talks. Reuters. https://www.reuters.com/world/iran-us-hold-talks-rome-bid-reach-nuclear-deal-2025-04-19/

[3] Reuters. (2025, 23 avril). Iran says new US energy sanctions show 'lack of goodwill' in Iran-US talks. https://www.reuters.com/world/iran-says-new-us-energy-sanctions-contradict-ongoing-iran-us-talks-foreign-2025-04-23/

[4] Reuters. (2025, 22 avril). Iran, US to hold expert-level talks on Saturday, not Wednesday, Tehran says. https://www.reuters.com/world/iran-us-hold-expert-level-talks-saturday-not-wednesday-tehran-says-2025-04-22

Articles rédigés par Seydou Abass Traoré