Point veille semaine du 10 juin 2024

Institut Libre des Relations Internationales et des Sciences Politiques - Campus de Lyon Leclair
14.06.2024

Le Ministre sans portefeuille du Cabinet de la guerre israélien, Benny Gantz, a posé sa démission auprès de Benyamin Netanyahu ce dimanche 9 juin.

Chef du parti de l’Union-national (centre-droit), celui-ci est considéré comme le principal opposant à l’actuel Premier Ministre israélien.

Intégré au cabinet de guerre, à la suite des attaques du 7 octobre, il avait posé un ultimatum à Netanyahu en l’obligeant à proposer un plan d’après-guerre pour Gaza, avant le 8 juin. Celui-ci n’étant toujours pas adopté, sa démission fut déposée moins de 24h après.

Le cabinet de guerre, ou gouvernement d’urgence et d’unité, est un gouvernement parallèle constitué du Premier Ministre, du Ministre de la Défense, du principal membre de l’opposition, ainsi que de deux observateurs. Il a pour but de gérer l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, et de planifier la guerre menée par Israël. Il possède des compétences juridiques particulières, lui permettant, par exemple, de contourner le Parlement pour adopter certaines notions de façon accélérée.

La démission de Gantz intervient dans un contexte de fragilisation de la politique de guerre de Netanyahu. Mandat d’arrêt contre lui et plusieurs membres du gouvernement, des crimes de guerre reconnus, ou encore un manque de clarté dans les positions sur l’avenir des territoires.

Deux jours avant son assassinat, l’ancien Président d’Haïti, Jovenel Moïse, a nommé Ariel Henry comme Premier Ministre. Assassiné le 7 juillet 2021, Jovenel Moïse est élu en 2016. Depuis sa nomination par le défunt président, Ariel Henry est très contesté. En 2023, lui et son gouvernement devaient reconduire des élections présidentielles mais A. Henry a refusé en raison du chaos installé dans le pays par les gangs et les violences continues ; il se justifie en invoquant un manque de sécurité qui n’est donc pas propice au bon déroulement des élections.

Depuis fin février 2024, les gangs qui sévissent depuis longtemps ont décidé de mettre en place des attaques coordonnées sur des sites stratégiques visant, selon eux, à renverser Ariel Henry. Ce dernier n’a donc pas pu rentrer en Haïti après un déplacement à l’étranger du fait des violences perpétrées à son encontre.

Le 11 mars 2024, Ariel Henry accepte finalement de démissionner de ses fonctions.

 Un mois plus tard, le 12 avril, un conseil présidentiel de transition est créé. Il est composé de haïtiens, d’organisations telle que la Communauté des Caraïbes et par les Etats-Unis.

Début juin, le Conseil présidentiel de transition désigne Garry Conille comme Premier Ministre Intérimaire. Médecin de formation, il a brièvement exercé la fonction de premier ministre de 2011 à 2012. Depuis 2012, il était directeur régional pour l’UNICEF.

Le 11 juin, un nouveau gouvernement est formé. Ses priorités immédiates incluent le rétablissement de l’ordre, la sécurité et la stabilité du pays et de la capitale ainsi que la lutte contre la corruption et le démantèlement des gangs, qui détiennent 80% de la ville. Surtout, le but final de ce nouveau gouvernement est de pouvoir enfin organiser des élections présidentielles qui n’ont pas eu lieu depuis 2016, année de l'élection de Jovenel Moïse.

En juillet 2023, le chef d’Etat du Kenya William Ruto avait annoncé vouloir déployer des forces militaires et policières pour tenter d’endiguer la criminalité à Haïti. Cette intervention, supervisée par l’ONU et suivie de très près par les Etats-Unis, n’a toujours pas eu lieu. En janvier de cette année, la Haute Cour de Nairobi (capitale du Kenya) a jugé la mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS), “inconstitutionnelle, illégale et invalide”. Un contingent de 200 policiers est tout de même en préparation mais la Haute Cour ne semble pas accepter cette mission multinationale en Haïti.  

En France, le Président de la République a annoncé, dimanche 9 juin au soir, la dissolution de l’Assemblée nationale, suite au score réalisé par le parti Rassemblement National.

Ce faisant, les mandats des députés actuels sont suspendus et l'Assemblée nationale est fermée jusqu’aux prochaines élections législatives. Ces élections se tiendront les 30 juin et 7 juillet prochains, car une dissolution entraîne une fenêtre de 20 à 40 jours maximum après la date d’annonce (la date la plus courte -30juin- a été retenue). Le Sénat, quant à lui, n’est pas impacté par la dissolution, il n’assurera plus ses travaux en séance publique pendant cette période mais reste à la disposition d’une convocation du gouvernement car il continue « d’assurer constitutionnellement la permanence de la représentation nationale ».

La dissolution de l’Assemblée nationale entraîne donc l’arrêt des projets de lois en cours. Il appartiendra au nouveau gouvernement de remettre les dossiers au bureau de l’Assemblée.

Comme il n’existe pas de limite de mandat pour un député, les députés sortants peuvent se lancer à nouveau dans une campagne, et ce dès le 10 juin.

Contrairement aux élections européennes à un tour et à la proportionnelle (20% de votes = 20 sièges), les élections législatives sont à deux tours et à la majorité.

Les déclarations de candidatures sont reçues entre mercredi 12 juin et dimanche 16 juin.

En attendant, le Conseil d’Etat borne les compétences du gouvernement à la gestion des affaires courantes, c'est-à-dire celles qui sont indispensables au fonctionnement du service public. Les sujets qui demandent un budget conséquent sont suspendus.

Ces nouvelles élections verront soit le parti présidentiel en majorité à l’Assemblée nationale, soit une cohabitation avec une majorité de l’opposition jusqu’en 2027, date de fin de mandat du Président de la République.

 

Mercredi 12 juin, les partis de gauche se sont accordés pour créer une alliance pour faire barrage à l’extrême droite, qui porte le nom de « Nouveau Front Populaire ». Ainsi, les partis se sont entendus pour se répartir les circonscriptions en tenant compte des résultats des européennes qui ont favorisé le PS-Place Publique.

Le principe de candidature unique a aussi été discuté et accepté par les différents partis. Il leur reste maintenant à se décider sur l’attribution des circonscriptions par candidat ainsi que sur un programme commun.

Alors que le président des LR, Eric Ciotti, a annoncé qu’il souhaitait faire une alliance avec le RN, une réunion s’est tenue entre les membres de son parti pour discuter de l’expulsion de leur président dont ils désavouent la prise de position. Les responsables des Républicains ont exclu Eric Ciotti mais ce dernier conteste cette décision.

Emmanuel Macron a dénoncé durant une conférence de presse ces alliances qu’il trouve « contre-nature aux deux extrêmes, (entre des partenaires) qui ne sont d’accord sur à peu près rien, sinon les postes à partager, et qui ne seront pas en capacité d’appliquer un quelconque programme. »

Côté extrême-droite, le président de Reconquête, Eric Zemmour a réagi aux propos de Marion Maréchal, sa tête de liste pour les européennes, qui a appelé à voter pour les candidats du RN aux législatives en disant que « présenter des candidats de Reconquête dans les circonscriptions législatives, c’est prendre le risque infini de faire gagner des députés macronistes ou d’extrême-gauche ». Il a annoncé l’exclusion de cette dernière le 12 juin qui était accompagnée de trois autres membres, et il a ajouté qu’ « ils devraient remettre leur mandat, ils sont quatre députés européens qui trahissent tous nos militants 48 heures après. »